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La langue catalane
et son histoire
1 Le catalan parmi les langues romanes
En tant que langue issue du latin, le catalan est une langue romane au même titre que l’espagnol, le portugais, l’italien, le français, etc. Le catalan est une langue qu’on considère, dans les classements traditionnels, comme ayant des traits caractéristiques communs à la fois aux langues ibéro-romanes (espagnol, portugais, andalou, etc.) et aux langues gallo-romanes (dialectes français, occitans et rhétiques).
2 Les «pays catalans»
L’aire linguistique catalane comprend une partie sud de la France (région de Perpignan), la principauté d’Andorre, la Catalogne (Barcelona), le Pays valencien (Valencia) et les îles Baléares (Palma), sans oublier la ville d’Alghero (44 000 habitants) en Sardaigne, où réside une petite communauté de quelque 28 500 personnes parlant le catalan.
3 Les variétés dialectales
Selon qu’on se trouve à Barcelone, Valence, Perpignan (France), Majorque (Baléares) ou Lleida (Lérida), le catalan présente des variétés dialectales qui se révèlent peu importantes au plan de la phonétique et du lexique. Ces variétés n’affectent guère la langue écrite qui, pour sa part, conserve son unité fondamentale. Ainsi, on peut dire qu’il existe aujourd’hui une seule langue écrite correspondant aux normes de l’Institut d’Estudis Catalans pour l’ensemble des «pays catalans».
Le catalan est une langue officielle dans la principauté d’Andorre, en Catalogne, au Pays valencien et aux îles Baléares. Il n’a aucun statut dans les autres régions. Soulignons qu’on compte des locuteurs du catalan dans des pays comme l’Allemagne, l’Argentine, la Belgique, le Brésil, le canada, le Chili, la Colombie, Cuba, les États-Unis, l’Italie, le Mexique, l’Uruguay, le Venezuela, etc.
4 La langue catalane elle-même
L’une des caractéristiques les plus importantes du catalan réside dans l’emploi de la consonne palatale initiale notée [ll] dans le système graphique: la lluna (la lune), la llengua (la langue), la lliço (la leçon), la llet (le lait), un llibre (un livre), Lleida (Lérida), etc.
On peut noter aussi comme second trait caractéristique la désanalisation des voyelles finales. Là où le français, par exemple, termine ses mots en [voyelle + n], le catalan ne garde que la voyelle accentuée. Ainsi, le latin vinum a donné en français le vin, en catalan el vi; bonum (lat.) a donné bon en français mais bo en catalan. De même pour les mots catalan & català, Perpignan & Perpinyà, la main & la mà, le jardin & el jardi, etc. Soulignons aussi la présence de nombreuses diphtongues, écrites -ou, -au et -eu.
En plus du [l] palatal représenté par le graphème [ll] (la lluna, la llengua, etc.), il existe d’autres exemples caractéristiques de l’orthographe catalane, notamment le [n] palatal représenté en français par le graphème [gn] et que les Catalans écrivent [ny], comme dans les mots disseny (dessin), juny (juin), alemany (allemand) ou Carlemany (Charlemagne). Citons également le graphème [ig] servant à noter les consonnes fricatives [tch] et [dj], comme dans le nom de famille qui est un peu, en Catalogne, l’équivalent du «Dupont français», c’est-à-dire Puig prononcé [poutch]. Le catalan, à l’exemple du français, utilise le graphème [ç] (lliço, Renaixença), lequel a la même sonorité qu’en français [ss].
Une autre caractéristique concerne le timbre des voyelles. Ainsi, en position faible, c’est-à-dire non accentuée, les voyelles [a] et [e] prennent une valeur neutre assez proche du «e muet français»: le mot catala se prononce à peu près comme [kete/la], la dernière syllabe étant tonique (donc plus accentuée). Au pluriel ainsi qu’en fin de mot, le [a] non tonique s’écrit [e] sans que la prononciation n’en soit affectée: l’aventura devient les aventures; la llengua devient les llengües.
Il en est ainsi pour la voyelle [o]. En position tonique, ce graphème est toujours prononcé [o] (comme pot en français) ou [ò] (comme port en français). Cependant, en position non tonique (ou atone), le graphème [o] se prononce [ou] (comme bout en français), sans que cela n’apparaisse dans l’orthographe: obert (ouvert) est prononcé [oubertt]; tornavis (tournevis), [tournebiss]; els numeros (les nombres), [els noumerouss].
C’est Pompeu Fabra qui, en 1918, a mené une réforme de l’orthographe catalane. Il a publié en 1932 son dictionnaire général du catalan.
5 La naissance des langues occitanes
Après l’arrivée des Arabes, le processus de fragmentation du latin s’accéléra davantage en raison notamment du morcellement des nouveaux conquérants en une vingtaine de petits royaumes indépendants. Seules deux régions échappèrent à la domination musulmane: la région des Pyrénées et le nord-ouest (Asturies et Léon) de l’Espagne. Ce qui restait du latin populaire dans l’ouest de l’Europe se transforma en diverses langues qu’on peut regrouper en trois grandes catégories: les langues d’oïl au nord de la France, leslangues d’oc au sud de la France et au nord de l’Espagne, les langues castillanes au sud.
Dans la péninsule Ibérique, la Catalogne fut l’un des premiers territoires à avoir été libéré des Arabes. En effet, c’est Charlemagne qui, vers 800, avait chassé les envahisseurs des terres au sud des Pyrénées. Au Xe siècle, les comtes catalans se rendirent indépendants et résistèrent avec succès à la poussée des Arabes. En 1137, Raimond Bérenger IV de Barcelone épousa Pétronille d’Aragon et réunit le royaume de Catalogne et celui d’Aragon. Le catalan devint, conjointement à l’aragonais, la langue officielle du royaume d’Aragon.
À partir de 1212, la Reconquête (appelée Reconquista) prit de l’expansion et les terres progressivement abandonnées par les musulmans furent colonisés par les gens venus du Nord. Les langues d’oc (ou langues occitanes) donnèrent naissance au gascon, au languedocien, au béarnais, etc., ainsi qu’au catalan qui leur est très apparenté. Vers le XIe siècle, on peut dire que, grosso modo, le centre de la péninsule Ibérique était castillanisé, l’est et le nord était catalanisé, sauf au Pays basque où la langue basque s’était maintenue contre vents et marées. Quant au nord-ouest, il s’était «galicianisé» et donnera plus tard naissance au portugais. En outre, certains idiomes issus du latin se sont développés dans les zones intermédiaires tels que le léonais, une sorte de «dialecte de transition» entre le galicien et le castillan, et l’aragonais, qui se situerait entre le castillan et le catalan. Jusqu’au milieu du Xe siècle, le castillan n’était pas une langue plus importante que les autres, c’était un obscur dialecte parlé dans le centre et le nord de la péninsule.